JOURNEE SCIENTIFIQUE : Mardi 19 mars 2024
Thème : Regards croisés sur l’histoire du trauma
Ecole du Val De Grâce (Paris)
Les regards croisés que nous entendons porter sur l’histoire du trauma visent à mieux cerner comment celui-ci a recouvert différents termes pour le désigner, allant du « vent du boulet » à la névrose traumatique et maintenant à l’Etat de Stress Post Traumatique (ESPT). Depuis l’aube de l’humanité, l’homme a toujours été touché par les catastrophes naturelles, les conflits armés de plus ou moins grande ampleur, les épidémies, les famines, ou bien les violences familiales. Au dix-neuvième siècle, les progrès technologiques ont eux aussi été source de diverses catastrophes et accidents. La souffrance psychique qu’engendrent de tels événements a été progressivement décrite et prise en compte depuis la fin du dix-neuvième siècle, amenant diverses propositions de prise en charge et de soins. Ainsi la Première Guerre mondiale a entraîné un essor important de la psychiatrie militaire, les élèves de Freud comme Ferenczi, Abraham ou Tausk, mobilisés lors de la Première Guerre mondiale ont acquis une expérience clinique considérable auprès des soldats confrontés aux traumatismes psychiques de guerre. Nos regards ne se veulent pas exhaustifs, tant concernant les travaux des nombreux psychopathologues et neurologues qui se sont penchés sur les processus traumatiques tant en France que dans le monde, mais nous nous arrêterons sur ceux qui ont été à l’origine de l’ALFEST, Claude Barrois, François Lebigot et Louis Crocq. Ces trois psychiatres militaires par leurs travaux et leurs enseignements ont fortement marqué les psychologues et psychiatres intervenant dans le champ du trauma, bien au-delà de la seule sphère militaire et de la théorie psychanalytique. Nous nous pencherons aussi sur l’approche de T.W. Salmon, psychiatre militaire du corps expéditionnaire des Etats-Unis combattant aux côtés des français et des anglais durant la première guerre mondiale. Les conceptions que ce dernier a développé à travers les notions d’immédiateté des soins, de proximité des lieux où ils sont dispensés, seront aux fondements de la mise en place des Cellules d’Urgence Médico-Psychologique. Nous tenterons également d’aborder le trauma de guerre à travers l’œuvre picturale de Clovis Trouille, ancien combattant de la guerre 14-18 qui contrairement à Otto Dix n’en représentera pas l’horreur et la terreur, mais construira un univers chargé d’érotisme et de transgressions des institutions. Face à l’émergence de très nombreuses techniques thérapeutiques destinées à la prise en charge les personnes confrontées au traumatisme psychique, nous aborderons la prise en charge des soldats aujourd’hui, avec tous les enjeux qu’elle recouvre dans un contexte mondial d’augmentation des conflits armés. Nos réflexions porteront sur les filiations, les transmissions qui constituent nos pratiques actuelles, les extraits des interview des trois psychiatres militaires que nous avons cité plus haut, avec celui de Liliane Daligand, seront présentés lors de cette journée et en constitueront l’une des trames. Les modèles théoriques du traumatisme psychique issus du courant « anglo-saxons » sont-ils en opposition radicale à une approche « francophone » ou au contraire leur mise en perspective lors de notre table ronde, peut-elle nous amener à les penser comme à même de s’enrichir mutuellement dans leurs apports, sans renoncer cependant à leur propre complexité et spécificité ?
Jean-Michel Coq & Gilbert Vila
Communications (orateurs pressentis) : Humbert Boisseaux & Etienne Vermeiren, François Lebigot, Claude Barrois, Louis Crocq & Liliane Daligand, Yoann Loisel, Marc-Paul Sebastiao et Sophie Sltri, Muriel Katz & Jacques Roisin, Jean-Luc Viaux, Emeric Saguin, Charles Di, Marie Boussaud, Carole Damiani & Gilbert Vila…
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