Liliane Daligand : Professeur de médecine légale, Université Claude Bernard Lyon 1, Psychiatre des hôpitaux, Centre hospitalier Lyon-Sud, Expert près la cour d’appel de Lyon.
Article paru in Revue Francophone du Stress et du Trauma, 2006, 6(3), 151-153.
Résumé : Tout trauma peut entraîner une modification de l’image du moi traduisant une atteinte dans l’ordre symbolique et se cristallisant sous un affect : la honte. Le trauma est toujours l’invasion brutale de l’être par le tout sensationnel, l’occupation absolue par des sensations sans mots, des émotions polyvalentes qui vident l’être de tout langage. Le sensationnel dans sa brutalité traumatisante et totalisante s’oppose au ressenti et l’annule. Le ressenti est de l’ordre de l’intime. Les sensations imposées par l’événement traumatique annulent toute révélation de l’intime. Ce qu’a perdu le traumatisé c’est la capacité de se traduire symboliquement, par la parole, à l’oreille d’un autre.
Abstract : Any trauma can lead to a modification of self perception depicting an impact on the symbolic order and crystallizing under a feeling: shame. The trauma is always the brutal invasion of oneself by the all sensational, the absolute preoccupation by sensations without words, polyvalent feelings that empty oneself from any communication. The sensational in its traumatizing and overwhelming brutality opposes and annihilates the perception. The perception is in the field of intimacy. The sensations imposed by the traumatic event prohibit any revelations coming from intimacy. What is lost by the traumatized is the ability to communicate symbolically, orally with others.