Figures mythiques de la victime par Louis Crocq (Tome 3, 1, 2015)

Louis Crocq : Médecin Général (CR), Psychiatre des armées, Professeur associé honoraire à l’Université René Descartes, Paris.

Article paru in Revue Francophone du Stress et du Trauma, 2006, 6 (2), 103-109.

Résumé : Au travers des mythes bibliques d’Isaac, de la fille de Jephté et du serviteur souffrant, et au travers des mythes grecs d’Idoménée, du juste parfait et d’Iphigénie, puis en suivant la façon dont le mythe d’Iphigénie a été repris dans la société chrétienne, on peut analyser le rapport complexe qui relie le sacrifiant, la victime, la communauté et les dieux. Le sacrifiant est pris au piège de son voeu imprudent, les Dieux se dégagent de leur responsabilité, et la société focalise son agressivité sur la victime. Quant à la victime, elle quitte le statut de victime à son corps défendant, pour celui de victime consentante et même pour celui de victime volontaire. En outre, dès l’antiquité biblique, et dès l’antiquité grecque, le mythe du sacrifice humain – inacceptable pour la conscience – s’était progressivement amendé, proposant les stratagèmes de la substitution animale et du simulacre. Toutefois, de nos jours, la société, par son indifférence, continue de focaliser sa violence sur la victime.

Abstract : Through the biblic myths of Isaac, the Jephte ‘s daughter and the suffering servant, and through the greek myths of Idoméneus, the perfect just and Iphigenia, and then throuhg the manner with which the myth of Iphigenia was took again in the christian society, we can analyse the complex relation which linksthe sacrifiant, the victim, the community and the Gods. The sacrifiant is caught in one’s own imprudent trap, Gods disclaim theur responsability, and the society focalizes its agressivity upon the victim. The victim, he leaves the statute of victim in spit of himself, for the statute of consenting victim, and even for the statute of volontary victim. Moreover, as early as the biblic antiquity and the Greec antiquity, the myth of human sacrifice, unacceptable for the human consciousness, was progressively softened, proposing the stratagems of the animal substitution and of the semblance. However, the society of to-day, by its indifference, continuates to focalize its violence upon the victim.

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